Le Chien qui lâche sa proie pour l'ombre

 

Chacun se trompe ici-bas.

On voit courir après l'ombre

Tant de fous, qu'on n'en sait pas

La plupart du temps le nombre.

Au Chien dont parle Esope il faut les renvoyer.

Ce Chien, voyant sa proie en l'eau représentée,

La quitta pour l'image, et pensa se noyer ;

La rivière devint tout d'un coup agitée.

A toute peine il regagna les bords,

Et n'eut ni l'ombre ni le corps.

 

Jean de la Fontaine