LE JARDIN MOUILLÉ

 

La croisée est ouverte, il pleut

Comme minutieusement,
A petit bruit et peu à peu
Sur le jardin frais et dormant.


Feuille à feuille la pluie éveille

L'arbre poudreux qu'elle verdit ;

Au mur, on dirait que la treille

S'étire d'un geste engourdi.


L'herbe frémit, le gravier tiède

Crépite et l'on croirait là-bas

Entendre sur le sable et l'herbe

Comme d'imperceptibles pas.

Le jardin chuchote et tressaille,

Furtif et confidentiel ;

L'averse semble maille à maille

Tisser la terre avec le ciel...

 

Henri de Régnier